Ceci est un ressenti vague et personnel, sans spoil, après ma consommation des 6 saisons. Avec des morceaux de critique.
Nous sommes le 24 mars, nous approchons de minuit, ça fait plusieurs jours que j’intensifie mes visionnages d’épisodes de cette série que j’ai découvert en 2015. Au départ, Bojack Horseman sur Netflix (dont je n’ai jamais été abonné…), c’était marrant à regarder. Puis, c’est étrange, j’avais vraiment envie de continuer. Le destin de ses personnages et leurs introspections, comme je ne l’avais jamais vu aussi profondément avant, me prenait aux tripes. Alors que j’ai regardé les 3 premières saison coup sur coup, j’ai mis 3-4 ans pour après reprendre. Et ainsi atteindre le dernier épisode mardi dernier. Entre temps, rien n’avait changé…
Qu’on se le dise, la série a l’air à première vue basique, sans prétention, voire bouche-trou sur la plateforme de SVOD. Pourtant, c’est avec patience et intérêt qu’on y trouve son « bonheur ». C’est une série qui ne plaira pas à tout le monde, car elle touche aux aspects très personnels de chacun. On vibre, on ressent, on comprend. Mais on n’apprend rien. Ou plutôt si, on apprend qu’on apprend rien.
A résumer, Bojack est le personnage principal, un cheval anthropomorphe vivant dans le monde réel du show-business de Hollywood, bien que décalé par ses subtilités. Si on voit les moments de dépression et de recherche d’identité du cheval principal, on trouve des personnages périphériques, pas si négligeables pour autant. A travers cette palette d’événements et de profils différents auxquels on s’identifie (j’aurais la même personnalité que Todd, pour info…), on s’amuse à aller de révélation en révélation sur un passé, un présent et un futur à la fois sombre et léger, notamment par rapport à la vie de Bojack. Et de fait, au début de chaque séquence, je ne savais pas si j’allais finir par rire ou pleurer. Je regardais ce cheval évoluer nonchalamment dans ce monde superficiel qu’est Hollywoo(d) pour trouver des nouveaux projets de films, séries, livre, etc. qui lui rendront son succès d’antan, au début de sa carrière. Mais même quand le système est rôdé, rien ne se passe comme prévu. Et même quand il croit pouvoir oublier ses tracas du quotidien, tout lui revient en pleine face au pire moment. Comment s’en sortira-t-il après (par ex.) l’écriture de ses mémoires à la saison 1 ? Alors qu’il doit raconter sa vie, tout en vendant son récit…
Alors évacuons tout de suite l’objectivité de cet article. Oui, j’ai adoré cette série. Elle m’apporte beaucoup de choses, elle aide je pense à accepter certaines choses. Et je la recommande pour peu que vous vous faite confiance. Surtout si vous aimez le mélange de drame et comédie, l’humour staro-américano-référencé, et ce faux aspect sitcom. Car le terme de « worth it’ n’aura jamais aussi bien été utilisé qu’à la fin de cette sixième saison.
Car OUI… C’est fini. le 31 janvier dernier. Netflix a arrêté la série, l’a imposé à Raphael Bob-Waksberg. Lui qui annonçait que la série pourrait longtemps continuer. Pourtant, il ne faut pas s’y méprendre. Ils ont eu 16 épisodes (4 de plus que dans une saison classique) pour créer une belle clôture dans la narration. Terminer l’interminable (pas dans le sens premier). Et nous laisser avec l’inlassable (ça oui). Je ne peux que vous diriger vers les analyser spoilantes d’Alphi et Arcade. Vous aurez tous les détails que vous voudrez, que je ne saurais que répéter ici. Bojack est une star de seconde zone, qui essaye de survivre dans le monde su star system, alors qu’il a même du mal à vivre avec lui-même. Cela prouvera au minimum, que oui, nous sommes tous seuls, et donc pas tout seul dans ce cas-là.
Non, cet article, c’est pour moi faire le deuil. Le communier avec les autres qui viennent de finir cette série. Avec le temps, une oeuvre ou l’autre peut m’émouvoir, me faire ressentir quelque chose de très fort. Au-delà du factice de sa diégèse, j’aime me laisser prendre au jeu pour voir où les auteur.e.s veulent m’emmener… Pour peu que ça m’intéresse au départ. Bojack c’est la continuité réaliste (mais pas si réaliste que ça) des autres séries d’animation avec lesquelles on a grandi. C’est une manière de faire un point sur soi en s’oubliant. C’est penser à l’existence sans risquer. Et c’est surtout apprendre à s’endeuiller. La mort fait partie de la vie, même si la vie veut nous faire croire le contraire. Bojack fait partie de toutes ces séries qui se terminent, même si elle nous a fait croire le contraire. A la fin du dernier épisode, on a cette satisfaction d’accepter cette fin, car c’est mieux ainsi. Comme un.e ex avec qui on parle avant de savoir avec certitude qu’on ne se reparlera pas. Que rien ne changera. Et même si cela change, c’est accessoire.
Apprendre à vivre, c’est apprendre à regarder. Les intrigues ont été globalement résolues, les personnages sont restés cohérents, le dernier tour de piste a été suffisant. Bref, Bojack m’a marqué et s’est arrêté à temps.
La frustration est que, contrairement à un film, une série est plus incertaines sur sa longueur. Ce qui crée l’excitation sur l’arrivée de ses rebondissements, mais également un sentiment de fin tragique quand il faut descendre du carousel qu’on aimait visiter régulièrement. Peut-être ce carousel était le même que les autres, mais il y avait quelque chose d’autre sur celui-là. Il surprenait aux premiers abords, et nous donnait l’impression de connaître tous ses rouages au final. Alors pour ça, ça peut paraître pompeux, mais je (me) remercie d’être arrivé jusque là, pour ça.
En attendant, je vous laisse, je vais aller commencer la série Atlanta.
BOJACK HORSEMAN – 2014-2020
Créée par Raphael Bob-Waksberg
Disponible sur Netflix