Avec « No » dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs, Cannes 2012 aura sa corde politique ! Et ce réalisateur argentin nous signe un étonnant film engagé, superbe en tout point, et qui marque. L’histoire raconte comment un enfant doit refaire sa vie avec sa famille autre part, à cause du militantisme révolutionnaire des parents exacerbé. Il devra entrer dans une nouvelle école, prendre un autre nom, une autre date de naissance, et rencontrer de nouvelles personnes. Et de ces rencontres vont naître toute l’essence même du film.
Car il y a un point de vue, des acteurs attachants, un scénario bien rôdé, des plans superbes (j’y reviendrai), un univers ! Pour son premier long métrage, Benjamin Ávila nous livre une histoire très personnelle, avec des morceaux de vérité. Et surtout un amour pour le cinéma. Tant les différentes séquences dialoguent (avec des séquences « dessin au trait de bande dessinée ») et la tension est tout le temps palpable. L’histoire principale nous tient en haleine, l’histoire d’amour secondaire est plus qu’un plus (expression maison). Et même si le scénario est assez classique dans sa forme, le final nous scotche dans notre fauteuil. Lors de la projection, la standing ovation et les pleurs du cinéaste ont donné raison à ce film pour lequel j’espère une carrière internationale.
Après il y a bien sûr des choses à redire. Car si l’image est esthétiquement jolie (on sent la RED ONE dans les parages), ça peut sembler trop étalonné par moment. Tout comme les personnages parfois trop stéréotypés. Ou que l’oeuvre pourrait être considérée trop personnelle, et aurait donc fait perdre en créativité au profit du message politique. J’utilise quand même le conditionnel pour ces points négatifs car le seul vrai défaut du film, c’est le titrage du générique : très moche, en gris. Mais ne quittez surtout pas la salle !
Quelques plans ont réussi à me tuer sur place. Des jeux de miroirs très juste et très original; un plan de l’oncle qui parle avec la fumée de tabac qui virevolte au gré de ses paroles (il faut vraiment le voir pour le croire); et des transitions vers les séquences des rêves tellement réussies qu’on se demande comment personne n’y a pensé avant. Le cinéma argentin semble en tout point prometteur.
Ma cotation (de 0 à 4 étoiles) : ***