On arrête tout ! Mon cœur bat ! Et je vous interdit de rire, de dire que ce film est mauvais. Vous pouvez ne pas apprécier, mais Leos Carax a bel et bien tenté quelque chose, et il a réussi son coup. Film assez surprenant, hors de tout autre univers que j’ai pu rencontrer à Cannes, voire même dans le cinéma en général.

J’ai vu ce film à la fin du festival, le dernier jour, quand on a plus que les « rediffusions » des films de la Compétition Officielle pour s’occuper. L’histoire d’un homme qui vit une journée sensiblement banale pour lui, où il joue aux transformistes. J’ai enchaîné avec Amour juste après, et la différence d’univers est assez déstabilisante… Du coup, je vais d’instinct plus encourager le génie de Holy Motors, même si Amour est une belle réussite également.

Il n’y a même pas vraiment de scénario dans HM, ou plutôt si ! Mais pas de la manière habituelle en nous proposant l’incident perturbateur, le climax, etc. Ici on découvre un personnage original, dans un monde assez fou, sans pourtant se sentir lésé. On pourrait croire à première vue à un film provocateur et bourré de foutage de gueule à tout-va. Moi je dirais que c’est un hommage à la créativité sans se prendre au sérieux. S’il y a plein de moments qui existent sans raison, on prend le temps de les apprécier et créer du sens par nous même. D’une certaine manière, cette volonté de mettre mal à l’aise le spectateur avec une carence d’explications qui s’estompe au fil du récit qu’on prend réellement plaisir à déguster jusqu’à la dernière miette.

On passe de moment drôles à des séquences touchantes dans une mise en scène bien calibrée; on en oublierait le terrible constat qu’on peut faire à la fin du film (pas de spoil, promis) derrière les plans généralement très bien composés et racontant beaucoup plus qu’on ne le croît.

On passe d’un genre de cinéma à l’autre à chaque personnage incarné par Denis Lavant, et les dédoublements à certaines parties du film brouillent encore plus les pistes, pourtant on continue à suivre le chemin dessiné par Carax. Il s’amuse même à nous proposé un entracte sans réel intérêt, mais qui m’a beaucoup plu. La musique très lointaine et qui claque bien (oui, étrange paradoxe) est comme la cerise sur le gâteau.

Je ne sais pas encore vraiment expliquer pourquoi ce film m’a tenu aux tripes. Serait-ce un simple trip sous substance qui se savoure à l’état pur ou un vrai voyage initiatique d’un personnage doté de plusieurs lectures ?

Je me contenterais de vous conseiller vivement d’aller, un soir cet été, jeter un œil dans un cinéma pour entamer ce voyage et démarrer votre réflexion autour de cet ovni qui a au minimum le mérite d’exister. Et ça c’est bien.

Ma cotation (de 0 à 4 étoiles) : ****

(énorme coup de cœur comme vous l’aurez deviné, mon dernier en date était Shame de McQueen)